• Contribution de Gérard Bérilley : Révolte, Ressentiment, RSA et Revenu de Base

    Contribution de Gérard Bérilley :

    Révolte, Ressentiment, RSA et Revenu de Base

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    Notre époque est en manque de projets alternatifs viables face au déploiement du Capital au niveau planétaire, déploiement qui semble inéluctable, irrémédiable, et qui nous emmène tout droit à la possibilité de la disparition de notre espèce, après celles de tant d’autres, par la crise écologique sans précédent dont il est la cause. Et notre époque manque peut-être plus encore de voies possibles, jouables, pour débloquer, dépasser cette situation catastrophique, pour instaurer une justice sociale, la fin de la misère et la fin de l’expansion économique et démographique qui nous emmène au désastre.

     

                Je ne vais pas reprendre ici les propositions que tous les démocrates sincères, authentiques, peuvent faire pour un plus démocratique, pour l’instauration d’une véritable démocratie qui se situerait de fait entre démocratie parlementaire – délégation de pouvoirs – et démocratie directe, donc entre démocratie représentative et ce qui s’est appelé anarchisme ou fédéralisme libertaire, l’anarchisme étant la forme achevée, la plus parfaite de la démocratie, et son horizon jusqu’à ce jour indépassable et indépassé. Ces propositions – non cumul absolu des mandats, impossibilité de tenir un mandat pus de deux fois consécutives, salaire des élus aligné sur le revenu moyen de la population, transparence totale des lieux de décisions, accroissement du pouvoir des assemblées élues à la proportionnelle sur celui de l’exécutif, propositions émanant de la population, associations de quartiers, etc., etc.,  - sont toutes valables et doivent être revendiquées, imposées aux lobbys des pouvoirs. La démocratie ne peut se satisfaire d’un blanc-seing donné à intervalle régulier à des élus, mais doit être vécue, agie, par un maximum de personnes et cela à tout moment. Il faut retourner la démocratie contre les forces aliénantes, terrifiantes, du Capital. Seule la démocratie, le maximum de démocratie, pourra mettre fin aux pouvoirs économiques. Ce n’est pas de « dictature du prolétariat » dont le monde ouvrier avait besoin et dont nous avons encore besoin, mais de démocratie du prolétariat, de démocratie de tous, par tous, pour tous.

     

                Il est une question, un sujet majeur, qui malheureusement a été oublié, occulté, par les « forces dites de progrès » qui prétendent lutter pour plus de justice sociale : c’est la question d’un revenu suffisant à chacun pour mettre fin à la misère, à la pauvreté, dans une société donnée. Cette question a pourtant été posée autrefois dans plusieurs écoles de pensées socialistes, et ce dès le 19ème siècle. Elle a été reposée avec force entre les deux guerres et après la deuxième mondiale par Jacques Duboin (1878-1976) et son Economie Distributive. Jacques Duboin est resté bien seul, certainement trop égalitaire – il demandait le même revenu pour tous – pour le « socialisme » des classes montantes, instruites, « socialisme » déjà dénoncé par Jan Waclav Makhaïski (1866-1926), révolutionnaire polonais qui montrait que « le socialisme n’est que l’idéologie des intellectuels, que ces derniers font valoir auprès des ouvriers afin de s’imposer comme nouvelle classe dominante » (page 4 de couverture du livre Le socialisme des intellectuels publié au Seuil dans la collection de poche Points en 1979).

    Cette question se repose, comme l’avait plus ou moins prévu Jacques Duboin, avec la remontée du chômage de masse dans les pays riches, en Europe, depuis les années 70. Le capitalisme ne peut pas vendre la production aux machines qui remplacent les ouvriers, aussi il faut que les chômeurs, les « exclus », disposent d’une certaine somme d’argent pour continuer à consommer, afin que la machinerie sociale ne s’enraie pas. Mais à ces « exclus », il faut donner le minimum pour permettre à côté d’eux l’exploitation du monde ouvrier restant par le biais de bas salaires. D’où l’invention, la mise en place du RMI en 1988, d’où le RSA. Pendant toutes ces années, la Gauche dans son ensemble, du Parti Socialiste aux anarchistes, a refusé, s’est refusée, sauf en de très rares et bien trop rares exceptions individuelles, à penser cette question d’un revenu minimum garanti et de ses enjeux sociaux et individuels.

     

                Mais avant de voir cette question en détails, il me faut faire une digression nécessaire et qui en éclaire selon moi un de ses enjeux principaux, une petite digression, une analyse sommaire de la révolte et du ressentiment et de leur opposition fondamentale, radicale.

     

                On se révolte contre une injustice qui nous est faite, mais on peut tout à fait, et avec autant de force sinon plus, se révolter pour autrui, c’est-à-dire contre une injustice faite à l’encontre d’autrui. La révolte se fait contre quelque chose, contre l’injustice, mais au nom de la justice, d’une affirmation d’une justice commune, qui se veut commune, valable pour tous les humains (et même pour le monde animal, et végétal). La révolte est essentiellement généreuse, elle ouvre des droits à tous : « Je me révolte donc nous sommes » a dit magnifiquement Albert Camus. La révolte ouvre à la communauté humaine, et plus encore à la communauté du Vivant. C’est toujours contre le massacre de la Vie que l’on se révolte.

     

                Le ressentiment prend souvent le masque de la révolte, car comme elle son apparence première est de lutter contre, de lutter contre quelque chose, contre ce qui apparaît comme une injustice. Mais sa motivation est tout autre que la révolte. Le ressentiment est une forme sournoise de colère, de haine, au fond d’envie, de jalousie profonde, méchante, contre ce qu’autrui a et que l’on n’a pas, et plus encore contre ce qu’autrui est et que l’on n’est pas, que l’on ne pourra jamais être. Pour prendre un exemple parlant entre tous, je dirai : l’homme de ressentiment c’est l’homme laid qui dénigre la beauté, qui s’en prend à la beauté, qui détruit la beauté, car lui-même ne sera jamais beau et/ou ne pourra jamais apprécier la beauté. Ce qu’il ne peut pas être, il le hait, il en veut la disparition. Nous en avons un exemple terrible avec ces islamistes qui détruisent les beautés païennes dans les musées et monuments, et qui voilent la beauté des femmes.

    Le ressentiment est certes causé par une oppression, une aliénation, mais il ne se révolte pas contre cette oppression, cette aliénation, il prend parti pour et veut l’étendre à tous (ce qui explique pourquoi les grandes religions monothéistes issues du ressentiment sont prosélytes). Pour le ressentiment il ne faut pas que l’autre soit autre, l’autre a tort d’être autre, il faut le conformer à soi. Le ressentiment est donc essentiellement, fondamentalement narcissique, il rabat la personne sur son narcissisme, il n’ouvre pas de droits pour autrui, pour l’ensemble des individus, pour la collectivité humaine donc. Si l’homme révolté se met toujours à la place d’autrui, l’homme de ressentiment ne s’y met jamais, il ne voit que l’injustice qui lui est faite ou dont il croit qu’elle lui est faite. Que lui importe l’autre ! Il ne veut pas étendre à chacun, à tous, des droits, mais veut retirer à autrui des droits qu’il n’a pas, ou qu’il pense ne pas avoir, ou dont même il ne veut pas. Le ressentiment c’est la volonté d’égalité par le bas, c’est qu’aucune tête ne dépasse, c’est l’égalité répressive, détestable. Le ressentiment est fondamentalement autoritaire, répressif, alors que la révolte est démocratique et libertaire.

                L’homme de ressentiment, au fond, ne veut pas de droit pour lui, ce qu’il veut avant tout, c’est retirer à autrui des droits ou une réalité (sociale, économique, sexuelle, etc., etc.) qu’il n’a pas ou simplement qu’il pense ne pas avoir, ne pas pouvoir avoir, ou qu’il déteste. L’homme de ressentiment vit en fonction d’autrui, son identité est déterminée par son refus de la différence ; son identité n’est d’abord pas un acte d’affirmation de lui-même dans sa singularité propre, dans son unicité, mais un refus de ce que l’autre est, de ce que l’autre s’autorise à être et dont il ne s’autorise pas. L’homme de ressentiment n’est jamais individualiste, c’est un insatisfait qui ne supporte pas la satisfaction des autres, c’est un privé de liberté qui ne supporte pas la liberté des autres, etc.

                C’est à Friedrich Nietzsche (1844-1900), le grand Nietzsche, l’immense Nietzsche, que nous devons ce concept de ressentiment et sa première analyse, extrêmement poussée. La première approche intellectuelle de ce concept, de cette réalité, peut se faire par la lecture de la première dissertation, la première des trois parties, de son livre La généalogie de la morale (trouvable dans plusieurs collections de poche).

     

                La compréhension du ressentiment et de son impact est éclairante, d’autant que le ressentiment est partout. De nombreuses forces politiques et dictatoriales en sont infestées. Le grand thérapeute Wilhelm Reich (1897-1957) l’a analysé en profondeur sous le nom de « peste émotionnelle », et a analysé la montée du nazisme en Allemagne dans les années 30 en se servant de la découverte de cette réalité psychique. La Gauche, et particulièrement celle qui s’est revendiqué du communisme, du léninisme, n’en a pas été indemne, bien au contraire. La compréhension du ressentiment permet de saisir pourquoi, et ce dès son tout début, la révolution russe est devenue une dictature : les bolchéviks – qui en étaient saturés – ont commencé par détruire toutes les autres composantes du socialisme, par enfermer et assassiner tous les socialistes d’autres obédiences, avant de s’assassiner mutuellement par et dans les procès staliniens, réalité que l’on peut appeler fascisme rouge. Car il faut dire que l’homme de ressentiment s’en prend rarement à celui qui, socialement ou idéologiquement, est très loin de lui, mais s’attaque en priorité à celui qui est, socialement ou idéologiquement, proche. Par exemple, un ouvrier bourré de ressentiment ne s’en prendra pas à la multinationale, au directeur général, mais prioritairement au camarade d’atelier qu’il soupçonne de travailler moins que lui, de gagner un peu plus, etc., bref de souffrir moins que lui, il va le soupçonner d’avantages que lui n’a pas. Une société de castes, comme en Inde, connaît très peu le ressentiment.

     

                La montée de l’extrême-droite, du Front National, s’explique pour une grande part par le ressentiment. Les idéologues des pouvoirs en place, de la bourgeoisie, font tout pour détourner, dévier la révolte légitime en ressentiment : au lieu de s’en prendre à beaucoup plus puissant que lui, à ce qui exploite vraiment, à grande échelle, à ce qui domine vraiment, à grande échelle, l’homme exploité, dominé, et de ressentiment, s’en prend à celui qui a juste au-dessus de lui, et même à celui qui a moins que lui, qui est plus faible que lui ! Nous avons là la fonction sociale, répressive, du « diviser pour régner » et du rôle du « bouc émissaire ». Ainsi l’ouvrier exploité (pléonasme) ne s’en prend pas à la très haute bourgeoisie, mais au camarade d’atelier qu’il considère comme privilégié.

     

                Sarkozy a réactivé le ressentiment pour être élu en 2007, et pour tenter de l’être en 2012. C’est ainsi qu’il a couru, surtout en 2012, après le Front National, et s’en est pris aux Roms, aux « Assistés », etc. Le but de l’activation du ressentiment, pour la bourgeoisie et les pouvoirs d’Etat et leurs idéologues, c’est de détourner le juste combat des exploités contre l’exploitation, donc contre les classes des privilégiés et des hommes d’Etat, et de l’activer contre des gens qui appartiennent aussi à la même classe sociale qu’eux, c’est-à-dire d’autres ouvriers, des chômeurs, bref des perdants tout comme eux, voire encore plus qu’eux, de cette société capitaliste.

     

                J’ai entendu que Sarkozy s’en prenait une nouvelle fois, pour ces Elections Départementales, aux « assistés ». (Comme s’il ne l’était pas, lui, assisté, avec tout ce que le République lui donne comme ancien chef d’Etat ! Soit dit en passant : la bourgeoisie, les classes privilégiées, où que ce soit, ont toujours été assistées par l’Etat ! Mais pour les riches l’on ne parle jamais d’assistanat, ce terme idéologique, méprisant et méprisable, est réservé aux pauvres !). Sarkozy et le Front National misent sur le ressentiment populaire pour accéder au pouvoir, et sur le ressentiment des classes moyennes contre les pauvres, c’est certain.

                                                                                                                                  

                Cela, c’est la classique idéologie de la droite extrême, dans les deux cas, celui de Sarkozy et celui du Front National.

     

                Maintenant, voici la thèse centrale, ma thèse centrale sur le sujet, que je veux exposer ici. Thèse que je n’ai jamais entendue dans la bouche d’hommes politiques de Gauche, ni partis politiques de Gauche, et peut-être même de personne d’ailleurs !

     

                L’idéologie de la droite extrême qui réactive le ressentiment n’est possible que parce que dans le réel social actuel quelque chose la légitime.

     

    Je m’explique, et cela a à voir avec la question centrale du RSA actuel (Revenu de Solidarité Active) et du Revenu de Base que j’appelle de mes vœux.

     

                Le ressentiment social actuel activé par la dénonciation idéologique de « l’assistanat » et des «assistés » n’est possible que parce que le RSA est attribué (ou non) à quelqu’un à partir des revenus familiaux. Le RSA n’étant pas une allocation individuelle, ce sont les Allocations Familiales qui le donnent (ou non) en fonction des revenus de l’ensemble du foyer.

                Ainsi, dans un couple où seul l’un des deux travaille, a un revenu salarié, même si ce revenu est égal au SMIC, l’autre membre du couple n’a pas droit au RSA.

     

                Le résultat de tout cela, c’est qu’aucun Smicard, ou salarié quelconque, ne peut être et n’est en couple avec quelqu’un qui touche le RSA. Donc, au cœur même du monde ouvrier ce système a créé deux classes : la classe des salariés, même très pauvres, et la classe des sans emplois, ou des handicapés (car c’est le même problème : l’Allocation Adulte Handicapé est versée différemment selon les revenus familiaux, proportionnellement aux revenus familiaux, et au final, dans l’immense majorité des cas, un handicapé ne peut toucher l’Allocation Handicapé complète qu’étant en couple qu’avec un autre handicapé ; voilà comment l’on construit des ghettos). Cette classe de sans emplois, de RSAistes, apparaît alors comme une classe d’assistés coupée du travail salarié, et le ressentiment des salariés pauvres et des classes moyennes n’a plus qu’à s’en prendre à ces soi-disant assistés. « L’assisté » devient le bouc émissaire, celui dont il faut se débarrasser.

     

                Une petite parenthèse avant de continuer : le mythe du retour de la croissance comme créatrice d’emplois permet aux idéologues de la bourgeoisie d’utiliser encore la notion d’assistanat ; sans ce mythe de la croissance créatrice d’emplois la notion d’assistés s’écroulerait, et rentrerait alors comme enjeu social, comme évidente revendication sociale, le nécessaire partage du travail et donc des richesses, mais cela tous les bénéficiaires de la situation actuelle, bourgeoisie et classes moyennes, n’en veulent pas. Ce mythe, il faut aussi en montrer le mensonge : jamais la croissance ne remettra dans le travail salarié plusieurs millions de personnes en France, et ce au vu du développement prévisible de la technique dans les années futures. Il y a une corrélation entre croissance, mythe de la croissance, et « assistanat », et refus du partage du travail et des richesses. Il y a aussi parallèlement un autre mensonge, celui qui prétend que seul le travail salarié est producteur de richesses, de richesses sociales, le mensonge qui consiste à faire croire que travail salarié et activité sont une seule et même chose, or un RSAiste peut être beaucoup plus socialement actif que certains salariés, beaucoup plus producteur de véritable richesse sociale que certains salariés qui eux peuvent produire des nuisances (ceux qui travaillent pour la bombe atomique, pour l’armement, pour les pesticides, pour les OGM, par exemple)! Il y a du travail social, utile, nécessaire, et multiple qui n’a jamais été salarié ; et cela les femmes, tout particulièrement, le savent !

     

                Une véritable politique de Gauche – mais je n’ai jamais entendu la Gauche en parler ! – serait de demander, d’exiger, la déconnection de l’attribution du RSA d’avec le reste des revenus de la famille, et d’exiger l’attribution de ce RSA, en attendant un véritable Revenu de Base Universel, à partir de la majorité légale de chaque citoyen(ne), soit les 18 ans.

     

                Le résultat ne se ferait pas attendre, et désamorcerait le ressentiment.

     

                Le RSA socle est actuellement pour une personne seule de 513 euros/mois. (Mais si cette personne bénéficie simultanément de l’Allocation Logement ce montant est ramené à 450 euros environ !) Je rappelle que cette personne ne peut pas le recevoir si elle vit avec un Smicard par exemple. Coupure radicale entre le RSAiste et le salarié donc. Quelqu’un qui touche le RSA ne peut être qu’avec un autre RSA, et dans ce cas le couple touchera 770 euros, ce qui ne fait pas deux RSA socle individuels ! 

     

                On a donc le monde des salariés, même très pauvres, et celui des exclus du travail salarié, des « assistés ».

     

                Une vraie politique de Gauche, donc ouvrière, consisterait à casser cela. Comment ? En réformant les Allocations Familiales pour en faire des Allocations Individuelles. En accordant le RSA ou l’AAH (Allocation Adulte Handicapé) à l’individu seul, sans tenir compte des autres revenus de la famille.

     

                Ainsi, l’on pourrait imaginer un couple : l’un touche le Smic et l’autre toucherait le RSA. Pour le couple le gain serait de 500 euros par mois, et cela avec une autonomie financière dans le couple pour qui toucherait le RSA. Cela casserait le ressentiment ouvrier possible des Smicards contre les « Assistés », car il faudrait vraiment être con pour ne pas vouloir que son conjoint touche le RSA alors !

     

                Prenons maintenant un couple d’ouvriers avec un enfant de 18 à 25 ans vivant sans travail salarié et donc vivant avec eux. Si le RSA (ou Revenu de Base) était attribué individuellement et à partir de la majorité civile, soit 18 ans, les revenus de cette famille se verrait augmentés de 500 euros, avec une petite autonomie financière pour ce jeune. Comment un tel couple, même aigri, même vindicatif, pourrait-il alors s’en prendre ensuite aux « assistés » ?

     

                Cette réalité d’un nouveau RSA, attribué à la personne, à l’individu, pourrait devenir une base pour la mise en place pour tous d’un véritable Revenu de Base universel, inaliénable, permettant dans un premier temps de mettre fin à la misère, à la charité du caritatif, et dans un deuxième temps, dans une optique sociale et autogestionnaire, de partager les richesses sociales, de diminuer le temps de travail en le partageant, et de permettre une décroissance de toutes les productions écologiquement et socialement nuisibles.

     

                Le temps de subventionner les entreprises doit prendre fin, ces subventions n’ayant jamais permis pour ainsi dire de créer un seul emploi, mais par contre ont permis d’enrichir encore plus les riches, et de continuer à détruire la Planète pour leur seul profit. Le temps est maintenant venu de subventionner les individus, pour leur permettre d’avoir l’activité de leur choix et de refuser les nuisances du Capital.

     

                L’amélioration du RSA actuel est une chose nécessaire, en attendant, mais cela nécessite un combat politique pour l’avoir, la mise en place d’un véritable Revenu de Base qui nous fera entrer dans une ère nouvelle, une voie de dépassement du capitalisme.

     

                                                                                                  Gérard Bérilley

     

     

                Je ne peux évidemment dans un seul article développer tous les arguments en faveur d’un tel Revenu de Base, mais je suis prêt à poursuivre ce débat. Je me situe sur la même base que le Mouvement Français pour un Revenu de Base qui dit précisément ceci :

     

    “Le revenu de base est un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement. »

     

    Cette définition doit être prise comme un tout indissociable. Elle est conçue de façon à délimiter un cadre à l’intérieur desquelles des options différentes sont possibles.

     

    Ce versement est :

            Inconditionnel : il est versé sans contrepartie de travail ni d’engagement à chercher un emploi.

            Universel : chaque membre de la communauté en est bénéficiaire.

            Individuel : il est versé strictement à chaque personne du foyer et son montant ne dépend pas du revenu global du ménage ni de sa composition.

            Permanent : chaque bénéficiaire le perçoit sans interruption du début jusqu’à la fin de sa vie.

             Inaliénable : il ne peut être saisi, le bénéficiaire ne peut en être dépossédé.

    Cumulable : il s’additionne avec toute forme de salaire issu d’un emploi déjà existant et de toute autre forme de revenus.

     

    Voir le Site Internet : revenudebase.info

    (Site qui fait part aussi de tous les développements en France et en Europe pour un tel Revenu.)

     

     

                PS : J’ai entendu dernièrement que le futur président du nouveau Conseil Départemental du Pas-de-Calais ou du Nord, je ne sais plus, un homme de droite en tout cas, proposait que l’attribution du RSA soit liée à un certain nombre d’heures de travail par semaine (pour éviter l’assistanat !), en fait 7 heures par semaine. Que l’on réfléchisse bien : 5 RSAistes qui vont travailler chacun 7 heures par semaine dans les Espaces Verts, l’aide aux vieillards, que sais-je ?, cela fait 35 heures de travail par semaine, soit le temps plein d’un salarié en CDI par exemple et qui pourrait ne pas être remplacé lors de son départ à la retraite ! Cette proposition n’est pas faite par hasard, par humanisme, elle vise en fait à payer de moins en moins les salariés. L’enjeu est de taille. C’est pourquoi, pour faire monter le SMIC, les petits salaires, ou simplement les défendre, il faut obligatoirement un Revenu de Base inconditionnel.

                Une autre chose très importante : il est et sera impossible de partager le travail, et encore moins les richesses, sans passer par une garantie inconditionnelle de revenu, c’est-à-dire par le Revenu de Base. On peut toujours crier dans les manifs : « Partage du travail !», cela ne changera rien ; et combien d’abord serions-nous à crier cela ? Par contre, avec la revendication ouvrière, populaire, politique, d’un véritable Revenu de Base, et sa mise sur pied, alors le partage du travail (et donc de plus de richesses) commencerait aussitôt, car des individus seuls, des couples, pourront, cumulé à ce Revenu de Base, choisir un travail à mi-temps et refuser un travail à temps complet aliénant et très peu, trop peu payé. C’est cet enjeu là que les gens de Gauche doivent voir ; les écologistes, soucieux de justice sociale verront cela aussi, ainsi que le début de l’arrêt de la croissance des productions inutiles et nuisibles, les gens n’étant plus tenus de produire de la merde, l’objection de conscience aux travaux nuisibles serait alors socialement et économiquement possible. De même, à partir de l’attribution d’un tel revenu, un nouvel exode rural, mais cette fois-ci en sens inverse, serait possible, permettant un nouvel aménagement du territoire couplé au désengorgement écologiquement nécessaire des mégapoles, des banlieues. Me semble que l’état général de la Planète aurait beaucoup à y gagner.

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